La crise agricole au Domaine de la Vrille Têtue.

Les rumeurs vont bon train et les questions se posent.

Non, je ne participe pas aux manifs des agriculteurs. Oh oui, il y aurait de quoi dire, mais pris par le boulot que je n’arrive pas à faire dans les temps et n’ayant pas les moyens d’embaucher, il n’est pas envisageable de quitter mon poste. Alors j’arrache de la vigne pour avoir moins de travail, moins de produits à vendre aussi, et sans prime, car le fiston veut prendre la relève et aura besoin de terrains. (Condition pour les primes : gel des terrains pendant 20 ans)

Les problématiques ne sont pas les mêmes. Je vends ma production au tarif voulu, tarif qui me permet de retirer un modeste revenu.

En revanche, à cause des fortes augmentations, j’ai été contraint d’augmenter les tarifs. Ce n’est pas sans conséquences, les ventes ont baissé de moitiés en deux ans, je n’ai donc plus de possibilité de retirer mon revenu.

La paperasserie est arasente, et souvent obligatoire et payante.

La comptabilité, une vaste fumisterie qui a pour but de nous faire payer. Perte de 80% de la récolte, économies, chutes des ventes, achats excessifs, quoi que l’on face, la comptabilité nous dégage un bénéfice qui déclenche des impôts, (revenu, MSA). Il m’arrive de payer 140% des revenus déclarés alors qu’un salarier paye environ 20% de ce qu’il touche réellement. Eh oui, car je déclare des bénéfices mais j’ai moins d’argent sur le compte ! Et moins il y a d’argent, plus la banque se gave !

Comment peut-on payer plus d’impôts et de cotisations sociales que ce que l’on gagne ?

Comment peut-on vivre ensuite ?

Alors il faut produire sa propre nourriture, mais ça aussi c’est soumis à impôt (si l’on déclare évidement).

Les agriculteurs nourrissent les gens mais ils ne peuvent pas en vivre car nous sommes sous des régimes fiscaux différents que les salariés. La plupart ne maîtrisent pas les prix de ventes. Comment peut-on accepter de travailler sans savoir pour quel salaire ? D’autant plus que nous sommes tributaires de la météo, qui, c’est le cas de le dire, fait la pluie et le beau temps.

Alors oui je tiens le coup mais jusqu’à quand ? Comment continuer à travailler si je ne peux plus manger ?

Bref, une problématique de fond, et le gros dommage dans l’histoire des manifs, c’est qu’ils ne râlent pas pour changer le fond du système, mais juste pour aujourd’hui et demain. Et après, on fait quoi ?

Pourquoi continuer à respecter des réglementations pour exporter nos produits et acheter de la merde ? Pourquoi continuer à payer des administrations qui ne nous servent à rien ?

Je pourrais encore continuer….